Un hiver à la montagne chez Granny

Nous sommes arrivés le 27 octobre 2020 chez Granny, dans le Jura, sous un soleil d’automne radieux. Et nous y avons vécu 4 merveilleux mois… Bien plus qu’une « pause » hivernale, notre séjour ici a été d’une rare intensité : celle qui remplit l’espace et le temps lorsqu’on vit le moment présent.

C’est d’abord l’automne qui nous charme avec ses couleurs si belles, transformant les montagnes qui nous entourent en un patchwork de tons dorés. Fin octobre, nos parents viennent nous rendre visite pour quelques jours avant le début du confinement général décrété en France. Cela faisait 2 mois que nous ne les avions pas vus, alors nous vous laissons imaginer l’état d’excitation dans lequel nous sommes :-). Durant les quelques jours passés avec eux, Arthus et Emile ne les quittent pas d’une semelle, les sollicitant du matin au soir pour dessiner avec eux, construire des cabanes dans la forêt, jouer au badminton, se déguiser et lire des histoires. Et les grands-parents se laissent happer par l’enthousiasme et la joie contagieuse de leurs petits-enfants. Quel bonheur d’être avec les gens qu’on aime et de partager des moments précieux avec eux.

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La météo d’automne est superbe et agréable, il ne fait pas encore trop froid, nous nous promenons beaucoup dans les environs très proches (nous n’avons en fait pas trop le choix puisque le confinement ici est très strict, on ne peut sortir qu’à maximum 1km de chez soi pendant maximum 1h sur la journée). Dans notre situation très privilégiée d’être isolés dans un si bel endroit, avec du temps et sans contraintes, nous prenons cette restriction comme une nouvelle opportunité, celle de (re)découvrir les environs autour de chez Granny. Et bien que je vienne ici depuis plus de 30 ans, je suis surprise et ravie de réaliser combien il y a encore à voir et à faire.

Nous fabriquons un herbier avec les garçons et sortons chaque jour nous promener avec notre guide nature. Arthus a très facile à reconnaître les arbres et leurs feuilles, tandis que de mon côté, je peine à les différencier. Emile s’habitue jour après jour à parcourir les 2 km aller-retour jusque chez Jean-Pierre, notre cher voisin, et, en l’absence de sac-à-dos pour enfant, enchaîne assez rapidement quelques kilomètres de plus. Tant qu’il y a des jeux, des chansons … et des collations sur le chemin, il est motivé ;-). Ce sont les promenades du Mont Blanc et des 3 cascades que nous faisons le plus souvent, sans jamais nous lasser. Entre deux promenades et des bricolages, Vince travaille sur les 2 vidéos de nos 4 premiers mois de voyage à vélo en Belgique et en France et je termine d’écrire quelques articles pour notre blog et pour le site des Petits Baroudeurs (www.lespetitsbaroudeurs.com).

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Durant ce mois de novembre, nous récupérons et nous nous reposons de nos 4 mois d’itinérance précédents. Nous vidons et ouvrons toutes nos fontes, faisons le tri et laissons ensuite toutes nos affaires éparpillées dans une chambre vide. Il semble que notre esprit et nos corps se soient mis d’accord pour « ralentir », et que cela s’exprime aussi par la volonté de ne pas passer des heures à ranger nos affaires de voyage dans l’immédiat. Nous goûtons au plaisir de retrouver une douche chaude, une toilette et des vrais lits. Nous nous régalons de bonnes soupes et de petits plats équilibrés (et avec Vince s’étant découvert une véritable passion en cuisine, autant vous avouer qu’on mange vraiment très bien ;-)). En résumé, nous dormons (beaucoup), nous mangeons (très très) bien et nous marchons (souvent) dans le coin. Les garçons prennent très vite leurs marques et créent, jour après jour, une belle complicité avec leur arrière-grand-mère.

Et puis arrive le mois de décembre et avec lui, les premiers flocons de neige. Pour la plus grande joie des grands comme des petits. Comme nous avons le temps, nous décidons de nous mettre dans l’ambiance de Noël en bricolant et décorant petit à petit la maison de Granny. On ne pourrait pas rêver de meilleur endroit pour cocooner à l’intérieur avec le feu qui crépite dans la cheminée et la neige qui recouvre les paysages de son délicat manteau blanc. Arthus et Emile suivent aussi avec attention la progression de la course du Vendée Globe sur un atlas géant, se rappelant fort bien notre passage aux Sables d’Olonne en octobre dernier. Et ils découvrent, par l’intermédiaire de leur super Granny (et des émissions Ushuaïa qu’elle regarde), le grand homme et explorateur qu’est Nicolas Hulot. Nos journées sont rythmées par les sorties dans la neige le matin (en ski de fond, en raquette, en luge) et les bricolages/préparations de cadeaux de Noël/petits exercices d’écriture, de calcul, de découpage, de dessins, de peinture, de lecture l’après-midi. C’est chouette l’école à la maison (ou plutôt, l’école à la montagne ;-)).

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Un des grands moments de cet hiver passé à la montagne est la découverte du ski de fond pour Arthus et Emile. Après notre première sortie, nous sommes ravis de les voir tellement enthousiastes. Arthus se sent très vite en confiance dans ce sport où il peut mesurer sa vitesse et où les dénivelés ne sont pas trop importants. Il acquiert après quelques sorties un super petit style de fondeur qui nous impressionne (ainsi que les gens que l’on croise en promenade !). Emile suit, fidèle à son habitude… Plus question d’aller dans la charrette à laquelle on fixe des skis et que l’on tire, il veut faire comme son grand frère. Et c’est ainsi que du haut de ses 2 ans et demi, il fait ses premiers kilomètres à skis. D’abord sans bâtons, une main dans la nôtre et ses skis dans les rails, puis, au fur et à mesure des semaines qui s’écoulent, avec ses bâtons. Après les plaines de jeux en été, voici un autre excellent moyen de développer sa coordination en hiver ;-). Pour nous qui aimons tant ce sport, c’est un vrai bonheur de voir nos deux bonhommes l’aimer à leur tour. C’est aussi un sport qui, comme le vélo, nous encourage à voyager lentement et nous emmène au cœur de la nature. Et puis, il faut avoir de la volonté et se montrer persévérant, surtout quand cela devient difficile. Chez nous « mordre sur sa chique » veut dire : garder le cap et patience, cela va aller, tu as des ressources insoupçonnées en toi, alors fais-toi confiance ;-).

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C’est donc tout naturellement qu’une paire ski de fond d’occasion, avec chaussures et bâtons, attend les deux garçons sous le sapin en guise de cadeau de Noël pour terminer cette fantastique année en beauté :-).

Le mois de décembre est donc rythmé par les préparatifs des fêtes, avec la confection de couronnes de Noël, la décoration du petit sapin coupé juste derrière la maison par nos charmants voisins (oui, on a encore choisi le vrai sapin cette année, on essaiera de passer à un sapin plus écolo l’année prochaine!), l’ornement de la cheminée et de la rampe d’escalier avec des branches de sapin et de houx ramassées dans les bois, la réalisation d’une grande fresque de Noël sur les fenêtres de la maison au blanc de Meudon, et la dégustation de beaucoup de recettes de Noël testées avant l’heure. Il nous fallait bien cela pour ne pas que la tristesse de ne pas pouvoir fêter Noël avec nos familles en Belgique (à cause des restrictions sanitaires imposées par la Belgique) prenne le dessus sur la joie et la magie de ce moment tant attendu. Notre plus beau cadeau de Noël est sans conteste la visite surprise, avant et après les fêtes, de mes frères et sœurs et de nos parents respectifs.

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Début janvier, nous voilà dans une nouvelle année. Nous sommes bien conscients de ne pas avoir vécu 2020 comme la majorité de nos amis et concitoyens. A la question de savoir si partir en voyage sur les 2 années de crise sanitaire est un bon timing, nous répondons par l’affirmative, même si cela ne résulte pas d’un choix au départ (puisque nous avions déjà planifié bien avant la crise ce voyage au long cours et qu’il était compliqué pour des raisons pratiques, administratives et personnelles de le reporter sine die). Ce qu’il en a résulté jusqu’à présent, c’est moins de pays visités, pour un voyage intérieur beaucoup plus riche et profond que ce que nous avions imaginé. C’est la possibilité concrète d’avoir pu rencontrer des dizaines de projets en transition inspirants, nous encourageant toujours plus à œuvrer pour un monde plus connecté à l’essentiel et relié à tous les vivants. C’est la pause de 4 mois que nous nous sommes offerte et qui, en plus du slow-travel, nous a permis d’expérimenter le slow-life. Elle nous a aussi permis d’avoir du temps et de l’espace dans nos têtes pour faire parler nos intuitions et faire émerger des projets et des idées longtemps enfuis quelque part en nous, sous des contraintes ou préoccupations plus urgentes du quotidien. Sans nous mettre la pression d’avancer dans nos réflexions, elles se sont alignées, petit à petit, pour former un tout cohérent et énergisant. Et si c’était cela, ce cadeau que le voyage au long cours nous offre à chacun personnellement, sans qu’on sache à l’avance la forme qu’il prendra et ce qu’il contiendra ? Apprendre à réellement se connaître et s’écouter pour mieux s’aimer et se déployer dans notre vie :-). C’est en tous les cas l’expérience que nous vivons, Vince et moi, ainsi que les garçons, chacun à notre niveau.

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Le mois de janvier se déroule sereinement. Nous nous faisons plaisir avec des choses simples : profiter des grasses matinées que nous offrent les garçons, (enfin) mettre en place des petites séances de yoga et de méditation le matin avec Arthus et Emile qui y participent tantôt en rigolant, tantôt en conscience, recevoir la visite de mes super cousins et de quelques amis de retour d’un séjour en France (encore merci Vince & Adeline et Clem & Léo pour votre petite visite qui nous a enchantés !). Nous nous inscrivons aussi Vince et moi à un cycle de Discipline Positive (www.disciplinepositive.be) réparti sur 7 semaines. Cette formation interactive en compagnie de quelques autres super parents et d’une facilitatrice incroyable (petit clin d’œil à Violaine de Halleux :-)) propose une approche ferme et bienveillante dans l’éducation, basée sur l’encouragement, favorisant le développement de l’autonomie et de la coopération chez l’enfant, dans le respect de l’enfant et de nous-mêmes. Bien que nous ne rencontrions pas de gros soucis avec Arthus et Emile, nous avions l’impression de pouvoir mieux faire (ou plutôt, mieux-être). Ce qui nous a le plus plu dans ces ateliers ? Les moments de partage avec les autres parents, les mises en situation qui font réaliser beaucoup de choses, l’ambiance générale plus fluide à la maison, et notre état d’esprit de parent, déculpabilisé et boosté par toutes ces bonnes ondes et ces outils pratiques super bien pensés, testés et plus qu’approuvés ici :-). A côté de cela, nous continuons à profiter des conditions météo incroyables à ski et en raquettes, à construire des tours et des villages en Kapla et à dessiner énormément ;-). Vince et moi avons pris exemple sur nos deux garçons, en nous nous y remettant aussi. Qu’est-ce que c’est nourrissant et reposant de réaliser des choses de ses mains!

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Sans nous en rendre vraiment compte, le mois de février est arrivé. Et avec lui, les premiers fourmillements de vouloir remonter en selle ;-). Nous avions prévu de rester chez Granny jusqu’aux vacances de Carnaval pour revoir nos familles qui devaient venir nous rejoindre, mais les restrictions de voyage sont de plus en plus sévères en Belgique et ne permettent malheureusement pas de nous rassembler. Nous scrutons avec une certaine appréhension la situation dans les différents pays d’Europe où nous pourrions aller pédaler au printemps. Les passages de frontières sont souvent compliqués, avec des tests Covid de moins de 48 ou 72 heures à présenter. Sachant que l’on voyage en train et que cela prend du temps (les trajets mais surtout les correspondances et les haltes pour la nuit), nous cherchons le meilleur compromis entre déplacement en train/situation sanitaire/climat au mois de mars et avril. Notre itinéraire initial en Espagne et au Portugal n’étant de toute façon plus réalisable tel quel (puisqu’il était prévu pour 4 mois de voyage) et les incertitudes sur la situation sanitaire et la possibilité de se déplacer librement là-bas étant quand même fort élevées, nous optons pour ce qui nous semble le plus « simple » : rester en France et partir pédaler deux mois dans le Sud. Nous sommes particulièrement enthousiastes à l’idée de pouvoir repartir début mars à la découverte de quelques projets en transition sur notre route entre Montpellier et Genève en passant par les Cévennes, l’Ardèche et la Drôme.

Durant ce mois de février, j’ai aussi la chance de participer à un week-end d’introduction à la Communication Non-Violente (www.cnvbelgique.be). Pratiquer la CNV, c’est être dans la conscience. Elle nous permet de nous reconnecter à nous-mêmes (nos émotions, nos ressentis et nos aspirations profondes) et à l’autre par une écoute empathique. Quelle belle découverte, qui vient s’ajouter telle une pièce supplémentaire au puzzle de la connaissance et de la connexion à soi-même… et aux autres. Et puis surtout le 9 février, nous fêtons en famille les 32 ans de notre mari et papa bien aimé :-). Ce fut une magnifique journée agrémentée par l’arrivée de très nombreuses cartes d’anniversaire envoyées par nos amis et familles (encore merci à eux !). Recevoir du courrier fait toujours plaisir, encore plus lorsqu’on est géographiquement éloignés de ceux qui nous sont chers <3.

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Fin février, le soleil brille et les oiseaux chantent, il y a comme un air de printemps chez Granny et dans nos cœurs. Vince bricole et travaille sur les vélos dehors pendant que je rédige cet article et que les garçons redécouvrent avec enthousiasme leurs trottinettes et vélos. Il est temps de retourner dans la chambre où nous avions éparpillé tout notre matériel de voyage à notre arrivée ici… Les skis de fond, raquettes et luges sont rangés dans la grange jusqu’à l’hiver prochain ;-). Et Granny regarde tout ce petit monde s’affairer et nous encourage, comme à son habitude, pour la suite de notre voyage. Cela va quand même être sacrément difficile de la quitter… C’est que nous en avons créé ensemble, des petites habitudes au cours de ces 4 mois d’hiver. Il y a toutes nos discussions, nos rires et nos taquineries, les bisous doux d’Arthus et Emile et les coups de main précieux de Vince, la fascination commune devant les merveilleuses émissions d’Ushuaïa nature regardées en sirotant un petit Limoncello, et les échanges de romans appréciés. J’en ressors avec un amour encore plus profond et une admiration encore plus grande pour l’incroyable femme qu’est ma grand-mère :-). Merci pour ton accueil chaleureux et ta présence réconfortante, Granny <3. Et merci à toi et Daddy d’avoir fait de Ferrières un vrai petit coin de paradis.

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