Semaine 1 : Ferrières – Salins de Giraud
Lundi 8 mars, c’est le jour de nous remettre en route. Au lendemain de nos 5 ans de mariage civil, c’est tout un symbole : on est heureux de continuer à cheminer ensemble sans savoir de quoi sera fait demain. Retrouver les sensations de l’itinérance. Le bonheur des rencontres spontanées. Le plaisir de faire partie d’un plus grand tout et de ressentir chaque vibration de notre âme et de notre corps en mouvement. L’incroyable liberté de vivre le moment présent en voyage.
Ces derniers jours, nous avons principalement rangé, nettoyé, re-rangé et re-nettoyé (car il fallait bien repasser derrière les garçons qui ne se sont pas pour autant arrêtés de jouer, de se déguiser, de colorier, d’apprendre à manier une paire de ciseaux et de découper en 1000 morceaux une feuille de papier… Bref, de vivre ;)). On a fait ça à notre aise, comme pour mieux laisser à l’idée de quitter cet endroit tant aimé le temps de parcourir son chemin. Nous mangeons un dernier spaget bolo à midi, avant une dernière promenade jusque chez Jean-Pierre pour reconstruire le long du chemin notre inukshuk qui s’était écroulé suite aux grosses chutes de neige de décembre et janvier. C’était important pour nous de laisser une trace naturelle de notre passage ici. Granny nous accompagne en voiture jusqu’à Ambérieu d’où nous prenons le train jusque Montpellier. Les garçons s’endorment vite à l’arrière de la voiture, et je les imite quelques minutes plus tard, bercée par les voix familières et rassurantes de Vince et Granny à l’avant. L’heure des « à-bientôt » arrive bien trop rapidement… et sur le quai de la gare en plus. Heureusement, toutes les émotions ont déjà pu se vivre et s’exprimer au cours des derniers jours, et nous nous embrassons dans la bonne humeur, conscients de la chance immense que nous avons eu tous les 5 de partager notre quotidien pendant 4 mois. Arthus et Emile sont super excités de reprendre le train et le trajet se passe très bien. On est accueillis de la plus belle des manières à Montpellier par Bernadette et Didier, des grands amis de la ma famille. Au souper, Emile se met soudainement à pleurer à chaudes larmes. On met du temps à comprendre ce qu’il traverse comme émotion et quelle en est la raison. Il finit par nous expliquer entre deux sanglots qu’il est triste d’être parti du Jura et que Granny lui manque… On lui propose alors d’appeler Granny ce soir avant de se coucher (en lui expliquant qu’on pourra l’appeler à chaque fois qu’elle leur manque et qu’ils en ressentiront le besoin). Comment ne pas fondre devant l’expression brute et simple de tout cet amour qu’ils portent à leur arrière-grand-mère ? Finalement, après une bonne mousse au chocolat comme dessert, la découverte de la salle de jeux et la lecture de belles histoires, tout le monde s’endort repu et apaisé dans un bon lit douillet. Qu’elle est belle la vie, alors gratitude et joie infinie d’être exactement là où nous sommes aujourd’hui.
Le lendemain, nous nous réveillons tous les 4 à notre aise après avoir très bien dormi. Dehors, il fait superbe, c’est le vrai printemps. Arthus et Emile se sont réveillés avant nous et en profitent pour jouer calmement dans la salle de jeux. Ça les occupe super bien et ça nous permet de faire une vraie grasse matinée. Le pied :). Aujourd’hui, on va voir la mer ! On prépare et on règle quelques trucs sur nos vélos et on se met en route à 11h, direction Villeneuve-Les-Magelones. L’itinéraire est très beau, puisqu’on traverse d’abord une partie de Montpellier avant de longer le Lez. En chemin, on aperçoit des centaines de flamants roses, c’est magnifique. Les garçons sont ravis de retourner voir la mer et de pouvoir emporter des seaux et des pelles gentiment prêtés par Bernadette. La fin de la route nous fait longer un canal jusqu’à la mer Méditerranée. Wawh ! Avant même d’enlever leurs casques, Arthus et Emile sont déjà dans le sable ;). Nous passons ainsi une partie de l’après-midi à profiter de ce magnifique environnement et de ce temps parfait. On ramasse aussi quelques coquillages pour la boîte à trésor de Bernadette et on se remet en route. J’avais très envie d’inaugurer la saison des glaces avec ce doux soleil, alors une petite halte pour le goûter à Palavas a semblé tout indiquée. Et puis sur le chemin du retour, nous faisons une autre petite halte à la plaine de jeux le long du Lez. Ça a vraiment le goût d’une journée parfaite… Sauf pour mes cuisses qui sont en feu lorsque nous rentrons à la maison ! Nous avons roulé 45 km sur du plat et sans bagages. Humhum, il va falloir que je me ré-habitue un petit peu avant d’attaquer les dénivelés qui nous attendent ;). Le soir, c’est jeux dans la salle de jeux et bain pour les garçons (le premier depuis 6 mois, youpie!!! On vous rassure, ils ont bien pris quelques douches entre-temps ;)). Nous dégustons un super bon repas et partageons encore une très beau moment avec Bernadette et Didier avant de filer faire un gros dodo.
Mercredi 10 mars, je me lève en pensant à mon petit frère chéri, William, qui fête ses 30 ans aujourd’hui. Il fait toujours aussi beau et nous sommes toujours aussi heureux et reconnaissants d’être ici :). Après avoir pris notre temps ce matin, nous partons à vélo en direction du Lac du Cres, juste derrière la maison de nos hôtes. Arthus doit un peu retrouver ses marques lorsqu’on détache son vélo du mien (surtout que le chemin autour du lac est fort caillouteux), mais il se débrouille comme un chef et n’hésite pas à pousser son vélo au lieu de s’énerver quand il n’y arrive pas. Ce lac a été creusé dans une carrière et fait partie d’un très bel environnement au sein de la ville. Et puis, il y a une super grande plaine de jeux alors les garçons sont plus que ravis. Nous rentrons ensuite dîner avec Bernadette dans son jardin, et partageons un véritable festin. Tout nous goûte particulièrement… peut-être parce que nous savons que dans quelques jours, nous serons en train de manger des repas plus sommaires ;). Arthus et Emile apprivoisent tout doucement Danette, la chienne de nos hôtes, qui est la chienne la plus gentille et calme qu’on puisse rencontrer. L’après-midi, nous partons avec Bernadette pour une visite d’un projet citoyen, « l’Oasis citadine », situé à l’arrière du château de Flaugergues. Le site est déjà superbe en lui-même, et la saison nous fait le cadeau d’admirer un lit d’anémones sauvages dans les allées du château. Il s’agit d’une ferme urbaine collaborative, intergénérationnelle et fondée sur les principes de la permaculture au sens large. David nous accueille avec enthousiasme et nous raconte, pendant 2 heures, toute l’évolution de ce magnifique projet entamé il y a 3 ans. Vince est passionné, les garçons captivés par les quelques poules et moi, enchantée de retrouver la si belle énergie caractéristique de ce genre de lieu. Au bout de deux heures, cela devient quand même un peu long pour les garçons ;). On termine l’après-midi avec un petit passage express chez Decathlon car je dois absolument trouver des nouvelles chaussures avant de recommencer à pédaler. J’ai commis une belle erreur de débutante en achetant, deux semaines avant de quitter le Jura, une nouvelle paire sur internet (mes anciennes étant complètement trouées et prenant toute l’eau à la moindre averse). Mais cette nouvelle paire est beaucoup trop rigide et après quelques jours à peine, me fait ressentir des fortes douleurs aux tendons d’Achille (et un peu partout ailleurs). J’ai essayé de les assouplir, d’attendre que mes pieds s’habituent mais chaque jour, je souffre de plus en plus. Je trouve rapidement mon bonheur et ai l’impression de chausser des pantoufles tant la différence est grande et immédiate. Quel soulagement ! Nous passons à nouveau une merveilleuse soirée avec Bernadette et Didier, chez qui nous nous sentons vraiment « comme à la maison ».
Ce matin, nous allons découvrir le vieux centre de Montpellier. Nous partons en tram après avoir profité d’un délicieux petit-déjeuner. La première chose qui frappe Emile à notre arrivée, c’est combien il y a du monde. C’est vrai qu’en venant du Jura où nous avons vécu dans un petit hameau de 6 personnes pendant 4 mois, débarquer dans une ville peut être assez déboussolant. On se promène à pied, il fait beau, c’est très joli. Malgré que les restaurants et bars soient fermés, il y a une chouette animation et plein de possibilités d’emporter de bonnes choses à manger. On découvre la Cathédrale, la faculté de médecine, l’arc de triomphe, le Peyrou et son beau parc dans lequel nous pique-niquons, les adorables ruelles autour de l’église Saint-Roch avec ses boutiques artisanales et locales, ses petits drapeaux et ses anciennes façades qui sont magnifiques. Au détour d’une ruelle, nous tombons sur un superbe magasin de jeux de société et achetons un Dobble version enfants (que nous avions découvert hier soir chez Bernadette et Didier, et avec lequel nous nous sommes super bien amusés). L’après-midi, nous découvrons le jardin partagé du quartier de Bernadette et Didier, en compagnie de Martin, leur fils aîné. Nous terminons la journée en nous baladant entre les vignes au pied de Teyran, superbe petit village perché pour aller nourrir et voir les chevaux, les moutons et les cochons. Ce soir, c’est pizzas faites maison par les pizzaiolo Vince, Arthus et Emile et tout le monde se régale. C’est un vrai bonheur de revoir/rencontrer Martin, et nous passons une excellente soirée à papoter autour d’une bonne tisane.
Vendredi 12 mars, c’est le moment de remonter en selle pour de vrai et de quitter nos merveilleux amis. Les garçons ont été se coucher tard la veille et sont fatigués ce matin, ce qui rend la préparation des vélos plus compliquée ;). Heureusement, super Bernadette est là pour nous donner un précieux coup de main et nous préparer un délicieux pic-nic pour notre premier jour de voyage. Il fait un peu gris et frais aujourd’hui, à l’image de mon petit cœur ce matin. Dur dur d’à nouveau quitter des êtres si chers (Granny et puis nos amis en moins d’une semaine). On se met en route à 10h, en espérant pouvoir maintenir cette heure de départ pour le restant du voyage (ça fait partie de nos « bonnes résolutions » pour 2021 :)). Bernadette nous accompagne sur une petite partie du chemin avant que nous ne la quittions, le cœur lourd. La première partie de la journée n’est pas très fun puisque la piste cyclable longe la grand route et traverse un zoning industriel avant de traverser la ville de la Grande-Motte (et ses immeubles pas trop à notre goût en forme d’œufs de Pâques). On dîne juste avant le Grau-du-Roi sur la plage en admirant l’unique kite-surfeur qui s’est aventuré par ce temps frais et venteux. Le temps se dégage l’après-midi, et nous nous arrêtons à la Maison du Grand Site de France de la Camargue Gardoise qui abrite le centre de Découverte du Scamandre. C’est une petite promenade de 2 km sur un chouette sentier avec des points de vue divers et ludiques pour les enfants aussi. Notre coup de cœur familial de la journée est assurément la découverte de la petite ville d’Aigues-Mortes, superbe cité médiévale. Nous prenons un petit goûter sur la place Saint-Louis et sommes pour la première fois depuis la reprise de notre voyage à vélo interpellés par des passants qui nous demandent où nous allons, d’où nous venons et s’il peuvent nous prendre en photo. La journée de vélo se termine au Domaine de Montcalm où il y a un espace gratuit pour planter des tentes et garer des mobils-home (trouvé via l’application PARK4Night). L’emplacement est plutôt pas mal, avec vue sur les vignes, à l’arrière d’un Mas. Notre deuxième bonne résolution de 2021, c’est de monter la tente tous ensemble et d’impliquer plus les garçons dans les « tâches » du quotidien. Ils font ça super bien et en quelques minutes, le campement est prêt. Nous assistons à un magnifique coucher de soleil sur les vignes… qui nous plongera après dans une soirée vraiment très fraîche que nous n’avions pas bien anticipée (brrr même dans le Sud, c’est encore l’hiver!). Nous organisons quand même notre petite TEF hebdomadaire (petit clin d’œil à la Discipline Positive) et nous nous dépêchons de manger. Ce soir, personne ne traînera dehors et Vince et moi rejoindrons les garçons à 21h dans la tente. Ceci nous offre la possibilité de retrouver avec bonheur nos liseuses et les heures de lecture silencieuses qu’elles nous offrent :). Je m’endors en réalisant qu’on est quand même bien aussi, dans notre sac de couchage, tous les 4 tout proches les uns des autres. Je savoure ces moments magiques et cette première nuit de reprise du voyage itinérant.
Lever vers 8h après une très longue et belle nuit sous tente. Il fait beau et froid ce matin mais il y a énormément de vent. Espérons que nous ne l’ayons pas trop de face ;). Nous avons rangé, mangé et joué et sommes quand même prêts à 10h, youpie! La première partie de l’itinéraire du jour est sur une grand route donc nous avalons les kilomètres sans trop nous attarder. Nous rejoignons ensuite une chouette piste cyclable et apercevons, à notre grande surprise, un ragondin (que nous avions d’abord pris pour un castor) nageant dans l’eau à côté de nous. Il y a toujours beaucoup d’indications pour des Mas à droite et à gauche de la route principale, énormément de beaux chevaux blancs et quelques splendides taureaux noirs. En moins de 2 heures et 25 kilomètres plus tard, nous atteignons la jolie petite ville de Saintes Maries sur la mer. Le camping La Brise est sympa, et surtout, ouvert ;). Cela nous permettra de prendre une bonne douche chaude ce soir. Il n’y a pas grand monde et une très chouette plaine de jeux. Après quelques courses (plus difficiles à faire qu’il n’y paraît, car on a tendance à oublier qu’entre 12 et 14h, tous les magasins sont fermés ici) on se trouve un petit endroit autant que possible à l’abri du vent sur la plage pour dîner. Place aux tourelles ici, dont quelques unes rejoignent notre boîte à trésor du voyage. Depuis que nous avons repris la route à vélo, nous nous autorisons un petit œuf en chocolat (envoyé par notre mina chérie depuis la Belgique) par jour. Ce sont des vrais, artisanaux, qu’on apprend aux garçons à déguster en pleine conscience. Arthus et Emile ayant besoin de se défouler, ils passent l’après-midi à la plaine de jeux tandis que Vince termine quelques petites réparations sur les vélos et que j’écris notre carnet de bord depuis notre arrivée à Montpellier. Il y a donc plusieurs jours à rattraper. Le soir, c’est douche et repas à 18h (et oui, maintenant on a prévu de manger quand il fait encore clair et que le soleil brille encore un petit peu) avant un petit jeu de société, histoire et dodo tôt. Dommage qu’il y ait toujours le couvre-feu à 18h, sinon nous serions allés admirer le coucher de soleil sur la plage… A défaut, nous admirons le ciel étoilé au-dessus de nos têtes à côté de la tente. C’est pas mal aussi ;).
Dimanche 14 mars, je me réveille avec le son des gouttes de pluie sur la tente. Un bruit que je n’aime pas, surtout au mois de mars quand je sais que les températures ne suffisent pas à nous réchauffer. Nous faisons donc semblant de dormir encore, Vince et moi, en attendant que ce bruit cesse. Et c’est ce qui se passe 15 minutes plus tard :). On s’habille, on déjeune, on range et on est toujours dans les temps pour démarrer à 10h. La route d’aujourd’hui est juste incroyable ! De Saintes-Maries-de la mer jusqu’au Salins de Giraud, sur 30 kilomètres, nous allons rouler dans un paysage où mer, dunes, marais et paysages presque lunaires s’entremêlent. Avec des centaines, et même des milliers de flamants roses de part et d’autre du chemin. C’est spectaculaire. Et tellement agréable lorsqu’on roule avec le vent (qui souffle toujours aussi fort) dans le dos ! Arthus roule ses 10 premiers kilomètres tout seul depuis la reprise et me fait remarquer que les flamants roses ne sont décidément pas très photogéniques. A chaque fois qu’on essaie de les prendre en photo, ils replongent la tête dans l’eau ;). On sent notre peau qui s’assèche avec tous ces marais salants autour de nous. Il faut régulièrement nous arrêter pour boire, malgré qu’on n’ait pas vraiment chaud avec ce vent de dingue. Nous trouvons un emplacement parfait pour le pic-nic, en face du lac rose qui nous éblouit. On se croirait en Bolivie, dans le salar d’Uyuni et le Sud Lipez. La suite est moins facile car la route est parsemée de nids de poule et nous avalons toute la poussière laissée par les voitures qui nous dépassent. Heureusement, nous arrivons rapidement sur une meilleure route goudronnée pour la fin de l’étape, dans le village des Salins de Giraud. Nous y avons trouvé un autre camping déjà ouvert, Les Bois Flottés, youpie ! On termine la journée à la plaine de jeux avant de prendre une bonne douche chaude, de souper et de filer nous coucher.
Semaine 2 : Salins de Giraud – Saint-Bauzille-de-Putois
Nous voilà partis depuis une semaine déjà. Je me sens à présent bien dans le voyage et les émotions sont plus agréables et positives que juste après avoir quitté nos doux cocons. Il a fait froid cette nuit, je me suis réveillée plusieurs fois pour sentir les mains d’Emile (qui sont toujours en dehors de son sac de couchage) mais il n’a pas eu l’air dérangé. Arthus lui a bien compris comment s’emmitoufler complètement dedans, en ayant plus que ses yeux et son nez qui dépasse :). Il fait beau et le vent souffle toujours aussi fort. Sauf qu’aujourd’hui, nous l’avons de face. Nous rejoignons Arles par une piste cyclable de 40 km sur la ViaRhona. On commence par prendre un petit bac pour traverser un bras du Rhône, puis on le longe à travers champs (sans beaucoup d’arbres ni de buissons, et en prenant donc les rafales à plus de 50 km/h de face). Je trouve cela rude de voir mon compteur indiquer que nous avançons à 8km/h alors que je déploie tant d’énergie pour avancer. C’est vraiment un jour pour tester notre force mentale. Arthus a compris que j’avais difficile et m’aide vraiment bien sur le follow-me, tandis qu’Emile roupille toute la matinée dans la charrette, bien à l’abri du vent. Nous nous arrêtons après 30km derrière un gros buisson qui nous abritera le temps de manger (ou plutôt, de dévorer) notre pic-nic. La récompense de la journée, c’est la glace que nous dégustons une fois arrivés à Arles pour le goûter. Nous découvrons une superbe ville aux ruelles pleines de charme et aux arènes et amphithéâtre impressionnants. Finalement, nous terminons les quelques kilomètres qui nous séparent du projet « Le Chant des Oiseaux », créé par Nathalie, où nous sommes accueillis ce soir. Nathalie s’est reconvertie il y a 3 ans en maraîchère et cultive 1 hectare mis à disposition par une association s’occupant de personnes adultes handicapées. Le projet, situé à côté du fameux Pont Van Gogh, est porté par une femme pleine d’énergie et de volonté qui force l’admiration. Nous dormirons finalement dans le jardin de sa maison où nous pourrons profiter d’une petite pause bien appréciée à l’abri du vent (et du froid).
Mardi 16 mars, nous nous réveillons après une nuit plutôt mouvementée. Je me suis retenue une bonne partie de la nuit d’aller faire pipi car je ne voulais pas sortir de mon sac de couchage et affronter le vent froid dehors. Résultat, ce matin je suis fatiguée ;). De plus, il y a eu beaucoup d’animation dans la rue le long du petit jardin où nous avons dormi pendant la nuit. Emile s’est bien fait avoir par quelques moustiques (c’est toujours sur lui que ça tombe, et en plus il développe à chaque fois de fortes réactions). Nous replions tout assez rapidement et décollons à 9h, avec un Mistral de face toujours aussi fort, voire plus encore qu’hier. Il nous faut même sortir les gants des enfants et les nôtres tellement il fait froid. Nous nous arrêtons à Arles pour acheter un petit-déjeuner et nous en profitons pour encore nous perdre dans ses jolies petites ruelles. La route d’aujourd’hui est superbe, nous amenant sur des petites routes de campagne entre des vignobles et des magnifiques petits villages. Les haies d’arbustes ou les rangées d’arbres sur le bord de la route sont accueillis avec joie, car ils nous protègent durant quelques mètres du vent et nous permettent d’avancer en dépensant moins d’énergie que le reste du temps. Nous empruntons un bout d’une superbe voie verte entre Beaucaire et Uzès où nous nous arrêtons pour le pic-nic et faisons la rencontre d’un gentil vieux monsieur de 90 ans, très intéressé par tout notre équipage. Il reste 20 kilomètres sur les 50 l’après-midi, et j’ai du mal. D’autant qu’entre les routes plus fréquentées sans pistes cyclables ou les petits chemins caillouteux, je ne sais pas ce que je préfère ;). Le GPS nous amène alors sur un petit chemin à travers les vignobles… qui devait normalement passer sur un petit pont. Qui n’existe plus. Deux options s’offrent alors à nous : soit nous rebroussons chemin (mais ça, on n’en a vraiment pas envie), soit nous descendons dans la petite cuvette, pour ensuite traverser la rivière et remonter la petite côte en face. Toute la famille a vite opté pour la seconde option. Emile observe les opérations de loin, un petit peu inquiet. Arthus part en reconnaissance tout devant, et Vince et moi suivons avec les vélos. Tout se passe super bien, personne ne se mouille et tout le monde a bien mérité un petit bonbon à l’arrivée. Les derniers kilomètres de la journées sont les plus difficiles, j’ai l’impression que le vent a encore forci. Heureusement, la plus belle des récompenses nous attend à l’arrivée. Des hôtes warmshowers absolument extra-ordinaires. Martie-Thé et Roland sont souriants, gentils, et tellement prévenants. Nous sommes accueillis par une bonne flambée dans la cheminée, des lits bien moelleux, une divine douche chaude… et dégustons un repas absolument délicieux (et bien copieux!). Aaaaah, ces soirées suspendues, une bonne tisane à la main, à discuter de tout et de rien, à partager à propos de nos voyages à vélo et à nous sentir connectés autour de ce mode de vie, cet esprit cyclopédique qui nous définit si bien. Les garçons ont, quant à eux, découvert une malle aux trésors remplie de jeux et jouent pendant toute la soirée. Évidemment, à un moment, ils commencent à fatiguer et ne terminent même pas tout le repas à nos côtés. Il est temps pour eux de rejoindre les bras de Morphée :).
Ce matin, on est relax. Marie-Thé et Roland nous ont préparé une table de petit-déjeuner digne de la meilleure des chambres d’hôtes. Ils doivent partir mais nous laissent les clés de leur maison pour que nous prenions notre temps avant de nous remettre en route. Nous avons en effet une toute petite journée de vélo, et profitons d’avoir un peu de temps « libre » devant nous. Les garçons jouent, dessinent et lisent des histoires pendant que j’écris mon article de la veille et que Vince regarde un petit peu la suite de l’itinéraire et les possibilités de logement. Finalement, c’est vers midi que nous mettons les voiles, un peu à contre-coeur. Dehors, le Mistral souffle encore très fort et la différence de bruit et de température entre le doux cocon intérieur et la réalité extérieure nous frappe de plein fouet. Nous espérons trouver du pain sur la route, mais on repart à chaque fois déçus : les boulangeries que nous croisons sont toutes fermées entre 12h30 et 16h. Pas de chance ! La route entre Tavel et Lirac passe par un plateau très exposé au vent. Il doit y avoir des rafales jusque 80km/h et Emile se réfugie dans la charrette (qui ne cesse de s’ouvrir quand même, ne résistant pas aux assauts d’Eole). Arthus se cramponne à son vélo accroché en follow-me, et rit un petit peu jaune. Même Vince et moi sommes impressionnés par les rafales, qui nous font faire du sur-place. Nous arrivons vers 15h à Lirac où nous pique-niquons entre les vignes… Plutôt sympa comme vue :). Alexandra, membre de l’association « Solisol », nous rejoint alors et nous fait découvrir son petit havre vert. L’association a démarré le projet d’un jardin communautaire en permaculture il y a 4 ans et porte encore beaucoup de nouveaux projets sur place (dont le développement d’une micro-ferme pédagogique…). Les garçons sont ravis de découvrir un nouveau terrain de jeux, quelques animaux, un petit cours d’eau et une balançoire. Alexandra prend toute son après-midi pour nous expliquer la genèse de son projet, son évolution, les difficultés et les grands bonheurs déjà partagés. Vers 18h, il est temps pour nous de planter la tente car les températures deviennent vite très fraîches. Le bonheur du jour, c’est assurément le grand brasero qui se trouve sur le terrain, et que nous allumons dans la joie tous les 4. Quelle magie de voir les flammes scintiller dans la nuit et de sentir leur chaleur nous réchauffer. Le souper est tout de même rapide et après avoir mis les garçons au lit, Vince et moi en profitons pour admirer le superbe ciel étoilé au coin du feu. Et là, en un instant, toutes les difficultés de la journée et des derniers jours se dissipent et ne subsiste que le sentiment profond d’être à notre juste place.
Jeudi 18 mars, nous nous réveillons après une nuit bien fraîche. Même Vince a eu un peu froid, c’est dire ;). On replie tout et après un dernier coucou au poney et aux deux brebis, nous repartons vers Tavel pour acheter notre petit-déjeuner. Et quel bonheur de sentir le Mistral dans notre dos cette fois, Yallaaaaaaah ! Je dois avouer que je suis soulagée car ces derniers jours ont été éprouvants physiquement. La boulangère est adorable et très intéressée par notre épopée. Juste avant de sortir du magasin, elle me rappelle et glisse un délicieux dessert dans un sac en me faisant un clin d’œil. Que de gentillesse et de prévenance ! Nous roulons alors calmement la matinée, avec quelques premiers dénivelés et même une première crevaison en haut du petit col que nous franchissons. Rien de bien grave, et ce n’est que pour ensuite mieux profiter de la descente longue de plusieurs kilomètres qui s’offre à nous. Après une petite halte pour refaire le stock de nourriture (et un nouveau petit cadeau offert à Arthus et Emile par une dame qui sortait du magasin), nous arrivons enfin au fameux et majestueux Pont du Gard. Quelle merveille ! Le temps qui était assez couvert depuis ce matin s’éclaircit alors et nous pique-niquons sur des belles pierres plates avec vue sur ce monument magnifique. Vince nous explique un petit peu l’Histoire de ce pont et Arthus semble captivé. Emile est très impressionné que nous puissions rouler dessus, et tout seuls en plus. Il n’y a en effet pas grand monde (car le site est fermé aux voitures à cause de la crise sanitaire). Pour sortir du site, le GPS nous indique un charmant petit chemin pittoresque… qui nous amènera à deux reprises devant une haute grille fermée à clé. N’ayant aucune envie de rebrousser chemin, nous avons à chaque fois trouvé un chemin bis pour nous sortir de là (parfois par un petit trou dans les vestiges de l’aqueduc, ou par un petit chemin très raide en terre). Ouf, quel soulagement lorsque nous rejoignons la route principale et sa belle piste cyclable roulante ;). Bon, nous aurons encore juste à traverser un pont barré car jugé trop instable (pour les 3,5 tonnes en tous les cas) et à pousser un village plus loin que prévu, et donc à parcourir au final 54 km sur la journée pour arriver à la destination du jour. Nous avons la chance incroyable de pouvoir nous poser 2 nuits au chaud et au calme dans le petit coin de paradis de Geneviève, la maman de mes chers cousins Donck. Nous sommes tout fous de découvrir l’endroit, de prendre une bonne douche chaude, de cuisiner des pizzas au four, de dormir dans des vrais lits et… d’allumer un bon feu de bois. Après une grosse journée de vélo, ça a un goût tout à fait particulier. Nous nous endormons remplis de gratitude pour tout ce que nous avons vécu aujourd’hui.
Le lendemain, c’est farniente ! On lave, on répare, on joue, on dessine, on peint, on écrit, on téléphone aux amis, on lit, on mange, on cuisine, on trie les photos, on regarde l’itinéraire des prochains jours, on prend le temps et on apprécie de le perdre aussi. On s’énerve aussi un peu sur les garçons, qui au bout d’un moment, tournent un peu en rond alors que nous avons encore des tas de choses à faire… et que dehors, pour la première fois depuis le début du voyage, il pleut ;). Nous terminons la journée par notre TEF hebdomadaire qui nous permet de remettre les tensions à plat, et de prendre le temps de nous reconnecter tous les 4 ensemble. Après le traditionnel petit apéro, nous terminons ce chouette moment par une partie de Dobbel, qui semble bien être devenu le nouveau jeu familial du voyage :).
Samedi 20 mars, nous nous mettons en route à notre aise après avoir tout chargé et nettoyé dans la maison. Il faut parcourir quelques kilomètres pour atteindre le prochain village qui possède une boulangerie, et avec le Mistral de face, forcément, on avance moins vite… Des travailleurs saisonniers dans les vignes que nous longeons nous encouragent en nous criant « Bravo Belgique », ça fait chaud au cœur. Nous déjeunons finalement 8 kilomètres plus loin, au soleil mais toujours dans le froid. La suite de la journée ne deviendra que plus belle en terme de paysages et de températures ;). Ça y est, on, aperçoit les Cévennes en arrière-fond ! Wawh ! La courbe parfaite de ces montagnes sous ce ciel bleu roi et ces villages aux pierres d’ocre nous fascine et nous émerveille. L’itinéraire est très chouette, nous roulons sur des petites routes de campagne très peu fréquentées, avec un peu de dénivelé (qui est beaucoup plus facile à franchir depuis que Vince a réparé mon dérailleur avant hier pendant la journée de repos). Après notre pause pic-nic sur la petite place d’une église au soleil et à l’abri du vent, nous repartons pour les derniers kilomètres qui nous séparent encore de Saint-Jean-de-Crieulon. Nous y sommes accueillis par Dominique, une amie très chère à nos amis wezembeekois tant aimés, les Vanderveken. Tout nous enchante dès l’instant où nous arrivons à destination : la maison est superbe et Dominique, absolument adorable. Nous passons une après-midi et une soirée mémorables, entre jeux, lecture, bain chaud pour toute la familia, dégustation d’un repas 5*****, des partages et beaucoup de rires ! Quelle merveilleuse nouvelle rencontre qui nous touche en plein cœur. Nous réalisons, plus que jamais, que les rencontres que nous faisons durant notre voyage lui donnent une saveur toute particulière, et que tant les garçons que Vince et moi, aimons profondément ces connexions humaines qui se font et qui resteront.
Ce matin, nous nous réveillons après avoir dormi profondément tous les 4. Dominique est tellement charmante qu’elle nous propose de rester encore la matinée chez elle puisque nous avons une petite journée aujourd’hui. Nous déjeunons délicieusement et passons une matinée tranquille. Arthus et Emile font un beau dessin qu’ils offrent en guise de remerciements à notre hôte. C’est un chouette cadeau de leur part qui les implique aussi et leur fait prendre conscience du pouvoir des petites choses lorsqu’elles sont faites avec amour. Après avoir encore partagé un succulent dîner (c’est sûr qu’on sent qu’on a repris des forces, et mêmes des réserves ;)), nous repartons après des au-revoir émus avec notre hôte. Nous roulons en nous rapprochant toujours plus des Cévennes, et sous un ciel toujours aussi dégagé et lumineux. La voie verte entre Sauve et Saint-Hippolyte du Fort est magnifique et toute récente. Arthus se fait un plaisir de pédaler enfin tout seul, à l’abri des assauts du Mistral. Après une dizaine de kilomètres, la voie verte s’arrête malheureusement (mais elle est en cours de construction pour la suite). Nous terminons donc, tantôt sur des grands routes, tantôt sur des routes déjà plus calmes. Ce n’est jamais gai de se sentir frôlés par des voitures roulant à toute allure, et je suis soulagée lorsque nous quittons ces axes-là. Après un bon goûter dans un pré fleuri, nous terminons notre itinéraire du jour jusqu’à Saint-Bauzille-de-Putois chez nos hôtes warmshowers Isabelle et Olivier. Ils tiennent l’auberge « La Filature » et plusieurs gîtes absolument magnifiques. Ils ont fait un bijou à partir d’une ancienne fabrique de filature, et tout est de bon goût avec des matériaux récupérés et chinés. Nous sommes émerveillés par la luminosité et l’ambiance qui se dégage de cet endroit. Nous avons l’immense chance de pouvoir à nouveau dormir dans de vrais lits, tous les 4 dans la chambre de leur fille aînée et de sa petite famille. Nous ne voyons plus les garçons qui s’occupent avec les nouveaux jeux et livres découverts pour leur plus grand bonheur, et nous passons la soirée à discuter de voyages à vélo et d’expériences de vie avec nos hôtes tellement vivants et intéressants. Le repas est délicieux et très gai, en plus d’être chaleureux et cosy à côté du poêle qui nous réchauffe si agréablement. Encore une très belle journée de passée et une nouvelle rencontre merveilleuse qui ponctuent cette première journée du printemps.
Encore une fois passionnant de vous lire !! Que de merveilleux moment passés en famille et quel incroyable cadeau vous vous faites mutuellement. Les photos illustrent parfaitement tout ce que vous viviez. Merci pour ce partage qui donne vraiment chaud au coeur et qui nous montre que la connexion à soi même , à la nature et aux autres sont les clés d’une vie heureuse et accomplie. mamounette
Merci Mina chérie,
Toujours les mots justes qui nous touchent tous les 4!
C’est tellement précieux pour nous de vous sentir proches de nous 🙂
On vous aime,
Val
salut les cyclistes, je vois que vous avez expérimenté le plaisir du « vent debout » à savoir de face. dans ces cas là, une solution: ne regarder que deux mètres devant et surtout pas le bout de la route sinon dépression assurée. en tout cas bravo pour votre ténacité et votre résistance « spychologique » et physique. vivement la suite de l’histoire
Merci Babboe,
C’est vrai que le vent, ça te connaît 😉
Tes encouragements nous font chaud au coeur en tous les cas!
On t’embrasse bien fort,
Val