Mardi 8 septembre 2020, nous nous réveillons sous un ciel bleu et le cri des mouettes à Roscoff. Après un petit-déjeuner avec vue sur l’océan, nous chargeons toutes nos fontes sur nos vélos et sentons l’excitation du départ monter encore d’un cran. Ça y est, c’est parti pour la Vélodyssée! Nous pédalons les 10 premiers jours sous un ciel bleu azur et des températures très agréables, en traversant la Bretagne de l’intérieur. Arthus fait fièrement défiler les kilomètres sur son nouveau compteur tandis qu’Emile collectionne les coquillages, galets et bâtons qu’il embarque avec lui à l’avant du pino. Nous sommes séduits par les villages et petites villes que nous traversons, comme Saint-Pol de Léon, Morlaix, Pontivy, Rohan, Josselin, Malestroit, Redon, et enfin Nantes. Pour le logement, nous alternons entre campings et warmshowers, les premiers étant déjà quasi vides à cette époque-ci de l’année et nous offrant par conséquent beaucoup de place et un calme absolu alors que les seconds nous ouvrent les portes de leur jardin et nous invitent à partager le repas du soir avec eux.
Au 3ème jour, juste après Carhaix, nous rejoignons le canal de Nantes à Brest que nous longeons durant une semaine jusqu’à Nantes pour notre plus grand plaisir. C’est joli, c’est (relativement) plat et la piste cyclable est en (relativement) bon état. En tous les cas, ça passe partout avec notre pino, la charrette et le follow-me. Et puis, c’est divertissant aussi (particulièrement pour les enfants qui sont émerveillés de voir comment les écluses fonctionnent). On a particulièrement bien aimé le Lac de Guerlédan, plus grand lac de Bretagne, qui nous a plongé quelques instants en Amérique du Nord avec ses grandes forêts tout autour. Nous sommes tous les 4 profondément touchés par toutes les merveilleuses rencontres que nous faisons durant ces 10 premiers jours. Arthus et Emile sont d’abord étonnés devant tant de générosité et de bienveillance de la part d’inconnus, ensuite ils sont remplis de reconnaissance : « C’est incroyable comme tout le monde est gentil avec nous, les gens nous prêtent leur jardin, une chambre, partagent leur repas et nous laissent même jouer avec leurs jouets 😉 ».
Nous arrivons à Nantes après 9 jours de vélo, juste au bon moment pour changer de décor et de rythme puisque nous allons nous y poser quelques jours chez des amis warmshowers. Parmi les nombreuses activités qui nous occupent, il y a bien sûr la visite aux machine de l’île (avec la visite de la galerie des machines, le tour sur le carrousel des mondes marins et la promenade sur le dos de l’éléphant). Nous flânons à vélo dans la ville jusqu’au rideau d’eau Place Graslin qui fait partie du voyage à Nantes cette année, parcours qui vous emmène chaque été à la découverte de la ville et de ses endroits insolites. Nous découvrons aussi des plaines de jeux qui enchantent les garçons : celle du grand dragon en bois de Kinya Maruyama et plusieurs autres dans le parc des Oblates (e.a. avec mur d’escalade nature, tyrolienne et nid de cigogne perché dans un arbre). Nous jouons aussi sur le miroir d’eau en face du château des ducs de Bretagne, château que nous visitons, et nous nous promenons dans le jardin des plantes et la carrière Miséry où l’arbre aux hérons devrait être achevé en 2023, ainsi que le jardin extraordinaire juste à côté. Quelle super chouette halte et (re)découverte de cette ville tellement agréable à visiter avec des enfants !
Après nos 3 jours de « repos », nous reprenons la route, enthousiastes de bientôt rejoindre l’océan ! La route sur la rive gauche de la Loire est sympa, surtout à partir de Le Pellerin où l’on se rapproche de l’eau via le canal de la Martinière. L’arrivée sur l’estuaire est chargée en émotions, les garçons s’écrient : l’océan, l’océan, l’océan ! Ensuite, et bien il n’y a plus qu’à descendre toute la côte Atlantique 🙂 Le temps est plus changeant, nous affrontons nos premières vraies pluies et l’air se rafraîchit. Il y a des jours plus faciles que d’autres, pas seulement en termes de distances ou de météo, mais aussi dans l’énergie que les garçons nous demandent. A côté de cela, nous sommes impressionnés de voir comme ils grandissent. Par exemple, ils savent beaucoup plus relativiser et accepter l’imprévu. Arthus nous dit d’ailleurs souvent : « Je me réjouis de ceci ou cela, mais si ça n’a pas lieu, c’est vraiment pas grave maman ».
Les paysages se succèdent, des cabanes à carrelets aux petits ports ostréicoles, en passant par la ravissante ville de Pornic. Nous décidons de faire un petit crochet par l’île de Noirmoutier que nous ne connaissons pas en traversant par le passage du Gois. Le temps ce jour-là est mauvais, et on se demande à quoi cela va ressembler à vélo… Mais en respectant bien l’horaire des marées, nous traversons sans encombre cette route submersible au paysage assez exceptionnel et presque lunaire. Nous affrontons aussi quelques tempêtes sur l’île de Noirmoutier et plus tard, l’île de Ré. Traverser à vélo sur les ponts reliant ces îles lorsqu’il y a beaucoup de vent, c’est pas le plus marrant. Heureusement, les enfants sont là pour nous encourager 😉 On retiendra encore de notre passage entre l’île de Noirmoutier et l’île de Ré la ville de Saint-Gilles Croix de Vie et sa grande plage, les Sables d’Olonne et son port mythique lié au Vendée Globe, la Tranche-sur-Mer et son ambiance familiale, la gigantesque et fantastique plaine de jeux à La-Faute-sur-Mer et l’observation inlassable des très nombreux surfeurs sur l’eau…
C’est émerveillés que nous découvrons l’île de Ré, qui signe la fin de notre seconde grosse étape et où nous allons nous (re)poser quelques jours (en vue de nous abriter sous dur de la tempête Alex qui est annoncée). Nous y dégustons des crevettes face à l’océan dans une des nombreuses cabanes ostréicoles. Puis nous découvrons l’île et ses superbes villages, avec un coup de cœur pour Saint-Martin de Ré. Il y a un peu de monde mais certainement rien de comparable aux mois d’été. Nous pédalons jusqu’au phare aux baleines, à l’extrémité nord de l’île. Derrière lui, c’est une impression de bout du monde qui nous submerge. La vue en haut du phare en vaut vraiment la peine (même si il a fallu porter Emile pendant une bonne partie de l’ascension). Encore une fois, nous sommes ce soir-là gratifiés d’un magnifique coucher de soleil sur notre chemin du retour. Quelle magie que de voir ces couleurs chatoyantes se perdre dans l’immense étendue bleue. La cerise sur le gâteau de ce petit séjour insulaire sera la glace de la Martinière (malgré le temps plutôt frais et pluvieux ;-)).
Nous débutons la 3ème partie de ce voyage en ignorant encore que le plus beau reste à venir ! Malgré un temps toujours incertain, on est heureux d’être de retour sur nos vélos 🙂 On découvre de très belles petites villes et visitons de super endroits (aussi bien pour les enfants que les parents) : La Rochelle et son aquarium, Rochefort et son Hermione (fameuse frégate avec laquelle Lafayette a navigué jusqu’en Amérique en 1780, qui a été reconstruite à l’identique de 1997 à 2014), Saint-Palais-sur-mer, Saint-Georges-de-Didonne et le petit village de Talmont sur Gironde… Parmi les visites les plus insolites du voyage, il y a la traversée de la Charente entre Rochefort et Echillais sur le pont transbordeur. Après avoir été rénové pendant 4 ans, il vient de rouvrir cet été à destination des piétons et des cyclistes. Nous prenons aussi pour la 1ère fois du voyage le bateau pour traverser l’estuaire de la Gironde de Royan à Le Verdon. Arthus et Emile sont super heureux d’être enfin sur l’eau 🙂
Chaque jour, nos pauses de midi sont l’occasion de prendre le temps, de manger un bon pique nique (parfois agrémenté d’un petit dessert acheté sur place) et pour les garçons, de se défouler et de jouer (sur une plaine de jeux, c’est le top, sinon ils s’amusent quand même n’importe où ;-)). Le temps plus que moyen ne nous atteint pas trop grâce à l’accueil formidable de plusieurs warmshowers, qui nous offrent de quoi nous réchauffer, dormir au sec, et surtout, des soirées merveilleuses où l’on partage un repas façon auberge espagnole et où l’on échange, entre rires et authenticité, nos expériences de voyage et de vie. C’est ainsi que se créent de véritables liens et que se remplissent un peu plus nos cœurs.
Au fur et à mesure que nous descendons le long de la côte, l’océan Atlantique nous paraît devenir encore plus grand. Nous arrivons finalement à Bordeaux (petite sortie de l’itinéraire de la Vélodyssée) en empruntant la piste cyclable depuis Lacanau. Voilà déjà la 3ème partie de ce voyage qui s’achève. En 2 jours, nous découvrons une belle ville pleine de vie, des endroits les plus connus aux plus insolites : le miroir d’eau en face de la place de la Bourse, le museum de Bordeaux et son musée des Tout-petits, le Cap Sciences et ses expositions interactives pour les enfants, la base sous-marine et ses bassins de Lumière abritant l’exposition de Gustav Klimt et enfin Darwin écosystème ou le lieu alternatif de la rive droite. Le quartier de Darwin est assurément notre coup de cœur à Bordeaux. Tout nous plaît là-bas : l’ambiance est cool, zéro-déchet, street-art (avec ses skate parks partout), axée récup alliant le bois, la pierre et le métal, la ferme urbaine et son potager en permaculture,… Pour le dîner, on mange évidemment local et bio au Magasin Général, le plus grand bistro-réfectoire d’Europe. Tout est délicieux, on savoure tous les 4, c’est génial !
En quittant Bordeaux, nous entamons la dernière partie de notre voyage le long de la côte Atlantique. A partir de Lacanau, nous découvrons les plages à perte de vue et un océan plus beau que jamais. L’itinéraire de la Vélodyssée nous emmène à travers des forêts de pin sur des pistes cyclables rectilignes qui nous rappellent l’Amérique du Nord. C’est aussi le moment de découvrir d’autres étendues bleues : le lac d’Hourtin, de Lacanau, de Biscarosse et Parentis… Entre l’océan aux multiples nuances de bleu et les grands lacs entourés d’arbres aux magnifiques couleurs automnales, notre cœur balance et nos yeux se régalent. Nous profitons de retrouver des températures agréables pour y faire du canoë et même tremper nos pieds, pour le plus grand bonheur des garçons 😉 Pour la seconde fois du voyage, nous montons sur un bateau avec tout notre chargement pour traverser la baie d’Arcachon depuis le Cap Feret.
Et puis, nous vivons un des moments les plus forts de notre voyage : l’ascension de la Dune du Pilat et la vue époustouflante depuis là-haut. Devant nous, il y a d’abord d’autres dunes avec quelques légers reliefs et ensuite, l’océan et le bassin d’Arcachon, tandis que derrière nous s’élève un horizon vert magnifique. Nous sommes au-dessus de la cime des arbres et de l’océan. Rien de tel que des roulé-boulé dans les petites dunes suivis d’un bon apéro en admirant le coucher du soleil sur l’océan. Wawh wawh wawh, merci Dame Nature pour ce spectacle incroyable 🙂 L’autre coup de cœur de cette dernière partie est la découverte du Cap de L’Homy et de sa plage, déserte à cette époque-ci de l’année. Jamais nous n’avons vu l’océan aussi sauvage (vide de toute construction) et aussi beau. Nous ne résistons pas à enlever nos chaussures pour courir vers l’océan en criant tout notre bonheur de liberté et de joie d’être là. Arthus et Emile nous suivent avant de rebrousser chemin devant les vagues impressionnantes, le premier par peur de croiser un requin et le second, d’être mouillé (ce qu’il était déjà de toute façon :-)). Nous terminons en ramassant de magnifiques coquillages pour embellir notre collection (et encore alourdir le poids de nos fontes).
Au détour d’un virage, un peu avant Hossegor et Capbreton, nous apercevons pour la première fois les Pyrénées à l’horizon. On se sent approcher de la destination finale et ça nous remplit d’émotions. Nous entrons alors dans le Pays Basque qui nous charme un peu, beaucoup, passionnément : Bayonne, Biarritz, Bidart, Saint-Jean de Luz… et leurs belles maisons à colombages aux volets colorés, tous les panneaux et devantures de magasins traduits en basque, et toujours, ces montagnes aux formes grandioses et mystérieuses en toile de fond. La route entre Saint-Jean de Luz et Hendaye n’est pas agréable, voire dangereuse pour les cyclistes puisque nous sommes sur la même bande de circulation que les voitures. Mais elle nous offre la plus belle des vues sur l’océan, au gré de « montagnes russes » comme diraient les garçons pour parler des dénivelés. Et puis, plus rapidement qu’on l’aurait pensé, nous voilà à Hendaye. Après presque 2000 km et 6 semaines de voyage depuis Roscoff, nous y sommes. La plage est belle, la vue du haut de la baie, superbe. Et juste en face de nous se trouve l’Espagne. Comment ne pas faire une danse de la joie et se prendre dans les bras tous les 4 pour fêter cela ? 🙂
Conclusion
Le voyage est devenu notre nouvelle « normalité ». Nous n’avons plus de stress, ou si peu, dans nos corps et dans nos têtes, mais seulement quelques muscles parfois endoloris ou courbaturés. Notre tête est vide de tout calendrier, et le temps s’écoule sans emprise sur nous, car nos journées ne sont plus découpées en heures et en minutes chronométrées. Nous nous émerveillons du soleil lumineux lorsqu’il nous fait cadeau de sa présence, de la pluie nourrissante et rafraîchissante, de voir nos enfants grandir, se disputer et nous énerver aussi parfois, mais surtout, s’épanouir et prendre confiance en eux. Ensemble, nous découvrons de nouveaux lieux, des paysages magnifiques, des personnes bienveillantes et nous vivons des moments simples qui nous procurent d’intenses émotions. Ces 6 semaines à vélo sur la Vélodyssée nous ont profondément marqués, dans tous nos sens. La lumière et les couleurs de l’eau et de l’automne, l’air iodé et l’odeur de ces forêts tant aimées, les dégustations de toutes les spécialités locales traversées, la force du vent et le doux murmure des éléments, et surtout, le souvenir dans nos cœurs de toutes ces personnes qui nous ont encouragés, félicités, abrités, hébergés, et qui ont partagé bien plus qu’un repas avec nous. Quelle merveilleuse expérience de vie !
Points d’attention
Rouler sur la Vélodyssée aux mois de septembre et octobre offre selon nous plusieurs avantages :
- Il y a très peu de monde sur l’itinéraire alors qu’en été, c’est paraît-il bondé ! On a donc pu profiter de paysages et de lieux superbes en étant presque seuls et sans avoir besoin de réserver quoi que ce soit. La plupart du temps, nous appelions le camping la veille ou le matin/midi même pour nous assurer qu’ils étaient bien ouverts. Attention toutefois que la plupart des campings ferment à partir du 1er octobre, ou au plus tard le 15 octobre. Nous avons donc du nous contenter de ce qui était encore ouvert lors de notre passage, mais nous n’avons jamais eu de mauvaises surprises. Parfois, cela a impliqué de devoir allonger un peu l’étape du jour pour parvenir à un camping encore ouvert. Nous avons également pas mal utilisé le réseau warmshowers, ce qui nous a permis d’augmenter les chances de trouver un logement (et surtout, de faire d’extraordinaires rencontres).
- Les couleurs automnales sont superbes et les températures pas trop chaudes (voire même fraîches;-)). Il faut évidemment être équipés pour voyager et camper en automne mais avec du bon matériel, et malgré quelques nuits à 2-3 degrés, nos enfants n’ont jamais souffert du froid. C’est la pluie qui est finalement plus désagréable mais tant qu’on a un endroit au sec pour s’abriter le soir, et que les enfants sont à l’abri dans la charrette, ça n’est pas bien grave.
Infos pratiques
- Pour préparer notre voyage et visualiser l’itinéraire, nous avons utilisé le site officiel de la Vélodyssée pour connaître les dénivelés, les étapes proposées, l’état des pistes cyclables ainsi que les choses intéressantes à savoir et/ou à visiter : https://www.lavelodyssee.com/. Cela nous a servi de base avant de partir mais une fois le voyage commencé, nous ne l’avons plus tellement consulté et avons un peu aménagé l’itinéraire à notre façon, avec notamment quelques détours. L’itinéraire est globalement bien balisé avec les pancartes de la Vélodyssée mais nous avions en plus un GPS sur lequel nous avions téléchargé tout le tracé, ce qui nous a permis d’être tout le temps (ou presque) sur le bon chemin 😉
- Pour arriver au départ de l’itinéraire et repartir après être arrivés à destination, il faut s’organiser en terme de transport. Pour l’aller, nous avons eu la chance d’être déposés en voiture par le papa de Vincent depuis Bruxelles. Pour le retour, nous avions plusieurs options : louer un utilitaire pendant 48 ou 72 heures qui peut être redéposé ailleurs que dans la ville d’origine, ou voyager en train, avec ou sans tout notre matériel (qui peut le cas échéant être envoyé séparément par colis jusqu’à destination). En raison de notre chargement conséquent, et du manque d’anticipation de notre part pour le trajet du retour, nous avons finalement voyagé en train avec tout notre chargement sur la première partie du trajet, et sans notre chargement sur la seconde partie (que nous sommes ensuite venus récupérer en voiture).
Après nous être renseignés, voici ce que nous pouvons partager concernant le voyage en train avec des vélos :
- Pour les TER, il n’y pas de problèmes pour voyager avec son vélo (et autre type de matériel comme une charrette) non démonté (sous réserve des disponibilités). Pas de réservation possible.
- Pour les Intercité, soit on démonte son vélo et il ne faut pas réserver, soit on ne le démonte pas et il faut réserver (sachant que tous les intercités ne proposent pas d’emplacements pour les vélos et à nouveau, sous réserve des disponibilités).
- Pour le TGV, il faut se renseigner à l’avance pour savoir si ils acceptent les vélos car tous ne le font pas. En théorie, c’est la même règle que pour les Intercités.
- Voici un bon article qui reprend ces éléments: https://www.francevelotourisme.com/conseils/velo-transports/train-avec-velo
Pour augmenter nos chances de monter dans le train et de trouver de la place pour tout notre matériel, nous avons tout démonté dès le départ de Hendaye et mis dans de grands sacs trouvés chez Décathlon sur place. Nous avons souvent été aidés par d’autres voyageurs dans les gares pour tout transporter.