En route vers Venise (partie 3) : Salò – Venise

Aujourd’hui, c’est le bonheur absolu de se lever dans un vrai lit avec des draps tout doux, et surtout, surtout, pas d’horaire et, un « espace » à nous. On prend donc le temps d’émerger, on s’offre une petite méditation dans notre lit avec la boîte à Morphée et je lis des histoires aux garçons pendant que Vince part faire des courses pour nous préparer des bonnes crêpes. Le pain n’est pas aussi bon qu’en France et on se réjouit de pouvoir manger autre chose au petit-déjeuner ;). On déjeune donc tard, avec les fenêtres de notre appartement grandes ouvertes sur la digue et le lac, c’est merveilleux. Ensuite, Vince part avec Arthus et Emile à la plaine de jeux pendant que je prépare les deux derniers articles pour le blog. Cela me prend toujours du temps de tout relire et corriger mais ça en vaut aussi toujours la peine. Je prends ensuite le temps d’appeler ma sœurette Lysou pour prendre de ses nouvelles autrement que par message. Finalement, mes 3 hommes reviennent beaucoup plus tard que prévu, ce qui m’a permis de tout terminer. Après un bon dîner nous jouons à nos différents jeux de société pendant que Vince sélectionne les photos pour les articles du blog. C’est chacun son tour qui travaille pendant que l’autre s’occupe des enfants ;). Le temps est orageux sur le lac, et on est d’autant plus heureux d’être bien installés dans notre petit appartement douillet. On sort quand même après le goûter nous promener et admirer toutes les belles maisons colorées le long de l’eau. Arthus et Emile en profitent pour s’amuser à lancer des cailloux dans l’eau et nous admirons tous les 4 les avirons qui passent devant nous. C’est super impressionnant de voir leur coordination et l’impression de puissance et de fluidité qu’ils dégagent. Il est déjà presque 20h lorsque nous rentrons, et préparons un bon petit souper. Les garçons font un peu la fiesta (typique lorsqu’ils partagent le même lit double) avant de s’endormir. Notre soirée relax se transforme finalement en soirée publication de nos deux derniers articles sur le blog, validation de notre déclaration d’impôts et préparation de la suite de l’itinéraire pour les prochains jours. J’ai quand même le temps de terminer le tome 7 de la saga des 7 sœurs, qui me laisse clairement sur ma faim. Au moins, j’ai l’impression de pouvoir à nouveau être plus présente dans la réalité, et moins dans mon bouquin ;).

Mardi 8 juin, nous nous levons de bonne humeur pour la chouette journée qui nous attend. Aujourd’hui, nous allons naviguer sur toute la moitié nord du lac de Garde juqu’à Riva del Garde, à l’extrémité Nord. Nous avions au départ prévu de faire le tour du lac à vélo, mais plusieurs cyclistes italiens nous ont déconseillé de le faire, surtout la partie nord ouest. La route est en effet dangereuse pour les cyclistes car le relief est très accidenté et il y a énormément de tunnels qui passent dans les montagnes. On avait lu qu’ils prévoyaient de construire pour 2021 une piste cyclable qui ferait tout le tour du lac. En l’état actuel des choses, on comprend que ça sera pour dans quelques années mais l’idée est excellente. Qu’importe, Arthus et Emile sont ravis de prendre le bateau. La seule chose qu’ils ne savent pas, c’est que le trajet est quand même assez long… Presque 3 heures pour arriver à Riva del Garde, une heure de pause sur place, et puis 3h pour le retour. Je ne sais pas si on est inconscients ou au contraire très confiants dans la capacité de nos jeunes enfants à rester tranquilles aussi longtemps, mais on ne se pose pas la question et on se dit qu’on verra bien ;). On prépare donc un sac-à-dos avec quelques jeux de société, livres et carnets de voyage en plus du pic-nic. A 11h, c’est le départ sur ce grand bateau qui appartient au réseau de transport public. Il s’arrête donc à de nombreuses reprises en chemin, tantôt sur la rive ouest et tantôt sur la rive est. Plus on avance et plus les montagnes sont hautes et escarpées, surtout à l’ouest. C’est vraiment magnifique comme spectacle et nous avons la chance inouïe d’être presque seuls assis à l’extérieur du bateau. Notre coup de cœur du trajet est pour la petite ville de Malcesine et son magnifique château. Au bout de 2 heures, Emile commence à en avoir un peu marre… et c’est alors qu’on sort notre joker, à savoir un paquet de noix de cajou. Une fois arrivés à Riva del Garda, nous nous trouvons un petit endroit sympa pour manger. Nous sommes étonnés de voir autant de VTT dans la ville, et apprendrons plus tard que c’est un haut lieu du mountainbike ! Pas étonnant quand on voir le relief dans le coin ;). A peine notre pic-nic terminé, nous remontons dans le bateau mais cette fois-ci nous nous installons dans la salle du bas autour d’une table. Nous avons toujours la belle vue à travers les fenêtres et en même temps, nous sortons de quoi occuper les garçons. Le retour passe super vite entre les parties d’Uno, Mistigri, les dessins du lac dans les carnets de bord,… Emile est un peu fatigué et fatiguant après cette journée de bateau mais la perspective de manger une bonne pizza ce soir le ravit. On soupe tôt dans une délicieuse pizzeria au bord du lac, recommandée par notre hôte airbnb. Quel chouette moment nous passons à nouveau avec les garçons, et quelles délicieuses pizzas nous dégustons. Arthus décrète qu’il aimerait vivre en Italie pour pouvoir manger des glaces et des pizzas tous les jours :). Haha, je suis de son avis même si je me restreins pour ne pas trop gonfler avec ma grossesse ! Plus de glaces ni de sucre de mon côté depuis le 1^er juin, et les garçons sont bien là pour me le rappeler ;). On rentre ensuite à l’appartement préparer toutes nos affaires pour le départ de demain, heureux comme à chaque fois de reprendre la route !

Comme à chaque fois que nous sommes restés plusieurs jours à un endroit, la nuit précédant notre départ n’est pas la meilleure d’Emile, et pour une raison qu’on ignore, il se réveille alors en plein milieu de la nuit. Sauf que cette fois-ci, il a mis beaucoup de temps à se rendormir et nous a rappelé plusieurs fois. On est donc bien fatigués Vince et moi en nous levant ce matin, mais comme tout doit être rangé et prêt pour 9h30, on n’a pas trop le choix. On laisse les garçons dormir encore un peu et on les réveille une fois que tout est prêt et que le petit-déjeuner est servi. Si on n’est pas des parents pas rancuniers avec ça !;). Nous allons récupérer tous les 4 nos vélos dans le garage des parents de Massimo, notre hôte airbnb, et nous nous mettons en route après l’avoir chaleureusement remercié pour son petit bijou, ses bons conseils et sa réactivité aux quelques messages que nous lui avons envoyés. Il est 10h30 lorsque nous repartons sous un beau ciel bleu. Aujourd’hui, on va longer toute la côte ouest de Salo jusqu’à l’extrémité sud du lac de Garde. Les montagnes entourant le lac sont vraiment majestueuses et on ne se lasse pas du paysage. Emile part très vite s’installer dans la charrette pour faire une sieste (ce que nous aurions bien aimé faire aussi après notre mauvaise nuit ;)). Je ne m’attendais pas à autant de petites mais belles côtes quand même ce matin, et je suis heureuse de me sentir bien pour y aller à mon rythme et sans forcer. Arthus m’aide toujours aussi bien sur son vélo en follow-me, et nous avançons bien. Les villages traversés sont toujours mignons même si on sent que c’est beaucoup plus touristique par ici. Les magasins d’accessoires de plage se succèdent, tout comme les campings et hôtels. Nous dînons à Desenzano del Garda au bord de l’eau sur une plage de cailloux et de coquillages. Vince nous a acheté une délicieuse huile d’olive hier et on se régale de nos tartines tomates mozzarella :). Nous reprenons la route vers 14h, direction Sirmione. Comme souvent, on n’est pas le nez dans les guides touristiques et on découvre des merveilles sur notre route sans rien avoir planifié. C’est le cas de la magnifique petite ville de Sirmione, tout au sud du lac de Garde, à l’extrémité d’une presqu’île qui s’avance dans le lac. Nous laissons les vélos en dehors de la ville fortifiée (car non autorisés) et allons nous promener à pied. Je suis complètement sous le charme de ces ruelles en pavés, de cette eau transparente qui nous entoure, de ce château magnifique…. On n’est malheureusement pas tout seuls, et je me demande à quoi cela doit ressembler en plein été. Après avoir bien marché, les garçons ont mérité leur glace pour le goûter ;). On termine ensuite les 15 kilomètre jusque Peschiera pour arriver après quasi 50 km dans un endroit magique. Notre hôte warmshower Gabriela nous a proposé de planter la tente dans un terrain lui appartenant près de sa maison, bordé par une rivière et contenant un magnifique potager un peu sauvage, un feu de camp, un hamac,… Cela fait si longtemps que nous n’avions pas campé dans un si bel endroit, et nous sommes enchantés ! La soirée se déroule à merveille et nous soupons autour du feu avec vue sur un coucher de soleil incroyable sur les champs et les montagnes. Les garçons ont été super aujourd’hui, et je nous sens très connectés ce soir autour de ce feu. Cela me rappelle instantanément la raison pour laquelle nous faisons ce voyage : c’est pour vivre des moments comme ceux-ci, de bonheur à l’état pur, simples et tellement intenses en même temps. Encore une fois, merci à notre hôte et merci à la vie pour ces cadeaux si précieux.

Jeudi 10 juin est, comme chaque année, une date particulière pour nous. Voilà 6 ans déjà que notre cher Thib nous a quitté si brutalement. Heureusement, il nous accompagne depuis le début dans ce voyage, lui qui aimait tant croquer la vie à pleine dents et rencontrer des gens ! Nous nous réveillons tous les 4 en forme dans ce petit coin de paradis au calme. J’aime ces moments où on émerge et on reste couchés, où on chuchote et on se fait des bisous, où on ressent ce bonheur immense de se revoir après la nuit. Il fait beau et déjà chaud, nous allons essayer de ne pas partir trop tard ;). Après un bon petit-déjeuner, et quelques balancements dans le hamac pour Arthus et Emile qui s’amusent comme des fous, nous sommes prêts à partir à 10h15. C’est pas mal du tout :). La route est superbe tout au long de la journée, nous emmenant sur des petites routes sans circulation (ou presque) et avec un peu de dénivelés (mais pas trop). Juste assez pour prendre un peu de hauteur et admirer au loin les montagnes, et plus proche de nous, des paysages de vignes et des petits villages au clocher somptueux qui se distingue à l’horizon. Après 30 km parcourus à un rythme assez soutenu, nous arrivons à Vérone. Quelques petites courses plus tard, nous découvrons le centre historique et sommes, encore une fois, conquis par la beauté et le charme des lieux. Nous avons brièvement raconté l’histoire de Roméo et Juliette à Arthus et Emile ce matin dans la tente, mais ils sont plus intéressés par les pigeons et les remparts ;). Qu’importe, chacun s’imprègne des lieux à sa manière. Nous dégustons un délicieux pic-nic dans un parc en face du Colisée, à l’ombre d’un arbre. Comme à chaque fois qu’Arthus monte sur son vélo « pour le plaisir » pendant nos pauses, Emile pleurniche car il voudrait avec sa draisienne pour pouvoir lui aussi faire des tours autour de la fontaine du parc. Il faut alors ruser pour le divertir ou trouver une solution ;). Nous repartons rassasiés même si je sens mes jambes et manque un peu d’énergie durant l’après-midi. Il faut dire qu’il fait 30° et que je me sens toujours plus molle quand il fait chaud. La route est toujours aussi belle et agréable, et peu avant d’arriver, nous nous arrêtons le long d’un petit ruisseau. Parfait endroit pour un petit goûter… qui se terminera en jeux dans l’eau pour les garçons. Même quand on ne trouve pas de plaines de jeux en chemin, il y a toujours moyen de s’amuser, en l’occurrence avec des feuilles d’arbres qu’ils font flotter en amont du courant et que l’autre doit rattraper plus loin. La journée se termine après 52 km dans le jardin de nos hôtes warmshower Andréa et Sara et leurs deux enfants Ilias et Sophia. Quelle excellente surprise d’arriver sur leur terrain, en face de leur maison, avec jeux pour enfants et animaux. Nous passons tous un merveilleux moment avec eux et leurs amis, à jouer, puis souper des délicieuses empanadas qui me transportent, le temps du repas, de retour en Argentine :). Peu avant la fin du repas, il y a même une autre cyclo-voyageuse allemande qui débarque et nous terminons la soirée dans un joyeux mélange linguistique !

Nos hôtes Andréa et Sara nous avaient prévenus qu’on risquait d’être réveillés fort tôt à cause de leur coq. Ils n’avaient pas menti. Je ne sais pas l’heure qu’il est lorsque je me réveille mais il fait encore sombre et j’ai du mal à retrouver le sommeil après car aucune position ne me paraît confortable sur mon petit matelas. Tant pis, au moins je ne traînerai pas au moment de me lever car une (autre) grosse journée nous attend aujourd’hui. On est même prêts à partir à 9h alors que les garçons ont encore eu le temps de jouer aux différents jeux du jardin. On passe par une délicieuse boulangerie dans le village de Zevio et on s’arrête (déjà! :)) à la plaine de jeux du centre du village pour déjeuner. A 10h, nous nous mettons en route pour de vrai sous un ciel plutôt nuageux et des températures un petit peu plus fraîches que les jours précédents. C’est parfait, et je sens que mon niveau d’énergie remonte. Sachant qu’on a 55 km à faire, j’aime autant bien avancer avant le dîner. La route est belle et ça roule à un bon rythme. A midi, on a déjà parcouru 30 km ! On emprunte alors pendant 10 km une grand route sans intérêt et même avec beaucoup de trafic. Heureusement que nos petits chéris sont safe (l’un en follow-me, l’autre dans la charrette ou le pino) et qu’ils ne roulent pas seuls sur ces routes. C’est un petit peu le seul bémol de voyager à vélo dans le nord de l’Italie, on doit quand même régulièrement emprunter des routes plus fréquentées. Après une rapide pause de midi sur les marches d’une église d’une petite ville située au bord de cette grand route, et donc sans attrait particulier, nous poursuivons jusqu’à Vicence. Le vieux centre est joli, comme toujours en Italie, mais nous ne restons pas très longtemps car il pleuvine et il y a encore 10 km à rouler. Je sens que si je m’arrête trop longtemps, j’aurai du mal à redémarrer. Peu avant d’arriver à notre agriturismo, nous nous arrêtons à une plaine de jeux un peu abandonnée, dans laquelle nous dénichons une petite cabane où nous nous réfugions pour jouer une partie de Uno en entendant le tonnerre gronder au loin ;). Les derniers kilomètres passent vite et nous arrivons sous le soleil à notre Camping Agriturismo al Lago. C’est un agriturismo qui a un petit terrain avec quelques emplacements de camping (ce qu’on préfère, car c’est tout tranquille), des poules, une chèvre et une belle vue. C’est parfait pour ce soir, et on profite de la fin d’après-midi pour « parler » comme dirait Arthus, qui adore venir se mettre sur mes genoux et m’entendre parler de sujets plus profonds. Sans surprise, leur sujet de prédilection, c’est Juicy, le petit bébé dans mon ventre. Ce soir, ils énumèrent à tour de rôle tous les cadeaux qu’ils aimeraient lui offrir. Et pour terminer, ils n’arrêtent pas de couvrir mon ventre de bisous. C’est vraiment trop mignon. Je ris aussi un bon coup lorsqu’Emile me demande le plus sérieusement du monde si mon lait pour le bébé sort de mon nombril ;). Au menu, c’est buddha bowl version camping et tout le monde se régale. Ensuite, c’est un gros dodo bien mérité pour les petits comme les grands.

Samedi 12 juin, on se lève dans un calme très appréciable… Quel bonheur (et quel luxe) de pouvoir prendre sa douche le matin sans grelotter mais au contraire, se rafraîchir en vue d’une chaude journée. Après le petit-déjeuner, nous décidons de faire un petit détour de quelques kilomètres pour aller voir le lac de Fimon. La piste cyclable est sympa mais comme à d’autres reprises, en petits graviers, ce qui n’est pas super roulant et plus fatiguant pour nous avec nos lourds chargements. Le lac est joli et on croise évidemment pas mal de familles en ce premier jour de week-end. On repart ensuite dans l’autre direction, où nous rejoignons bien vite une autre piste cyclable qui suivra le canal de Bacchiglione pendant toute la journée. Le seul point négatif, c’est qu’il n’y a pas un seul point d’ombre le long de la piste cyclable et qu’on souffre de la chaleur. Cela n’empêche pas Arthus de pédaler comme un champion pendant 10 km tout seul, très courageusement. On n’a plus grand-chose à manger et on ne croise pas grand-chose non plus. Finalement, ça sera sandwich au jambon à l’ombre d’un grand arbre sur la piste cyclable, avec un petit paquet de chips salé pour ne pas se déshydrater. En Italie, ce qui est génial, ce sont tous les points d’eau qu’on trouve dans les plaines de jeux, sur les places des villages, dans la rue,… Durant des grosses chaleurs comme maintenant, c’est vraiment précieux de savoir qu’on pourra remplir nos gourdes facilement avec de l’eau bien fraîche. Peu après le dîner, Arthus crève son pneu arrière… Tiens, cela faisait longtemps que ce n’était plus arrivé ;). Super-papa, accompagné de ses super-apprentis, nous répare ça en moins de deux. La route me paraît longue aujourd’hui sous le soleil et en ligne droite. Finalement, on arrive à Padoue le long de l’eau et on se rend d’abord dans le centre historique. Que c’est beau ! Et que c’est animé ! A nouveau, les terrasses se succèdent et les jolies maisons colorées aussi, débouchant sur des places à chaque fois plus sublimes les unes que les autres. On termine cette belle et chaude journée par un goûter ananas dans un beau parc où nous avons déniché une plaine de jeux. Parfait pour que les garçons se défoulent à leur tour après que les parents aient dépensé toute leur énergie sur le vélo. Il est déjà 18h lorsque nous arrivons chez nos hôtes warmshowers Evina et Alessandro. Ils vivent dans un petit quartier tranquille un peu en dehors du centre, et ont un joli petit jardin. D’emblée, ils nous proposent de boire et grignoter quelque chose… qui s’avère en réalité être un festin. On déguste des morceaux de melon, des petits biscuits aux graines, ensuite des petits toasts salés au fromage frais et concombre, une quiche aux légumes, des morceaux de fromages, des petites tomates trempées dans l’huile d’olive, et pour terminer, des bonnes pâtes :). Après cette grosse journée, nous voilà plus que rassasiés. Evina et Alessandro sont aux petits soins pour nous et nous avons de très beaux échanges avec eux. Les garçons se sont fabriqués un circuit pour leurs petites voitures avec des morceaux de bois et s’amusent toute la soirée. C’est heureux et bien fatigués que nous nous couchons dans de bons lits ce soir, encore une fois tellement reconnaissants pour l’accueil que nous recevons partout où nous allons.

Aujourd’hui c’est la fête du saint patron de la ville : San Antonio. Nous ne pouvions donc pas quitter cet endroit sans passer voir sa célèbre basilique. Après un délicieux petit-déjeuner dans le beau jardin en compagnie de nos hôtes, nous démarrons notre journée à 10h. C’est l’heure idéale car il ne fait pas encore trop chaud et il y a peu de monde dans les ruelles du centre. Nous nous faisons tout de même encore encouragés et félicités à quelques reprises par des « Braviii ! » et des « Que Bello ! » :). Ça donne le sourire de savoir que nous faisons sourire les gens sur notre passage. Pour la fête des papas, j’offre à mon homme de la part de mes deux petits princes une bonne couque qu’ils dégustent sur une des jolies places de la vieille ville. Moment suspendu et délicieux où on savoure d’être exactement là où nous sommes, ensemble. Une fois en dehors de la ville, nous suivons un canal pendant de longs kilomètres qui paraissent n’en plus finir. Les longues lignes droites au paysage trop régulier sous un soleil de plomb, ce n’est définitivement pas mon truc. Même lorsque nous bifurquons après Stra le long d’un cours d’eau plus pittoresque, le rio Brenta, la route me semble longue. Je pense que j’ai besoin d’un break de 2 jours et que ce 5 derniers jours ont été bien intenses. J’ai puisé dans mes ressources et je sens qu’il est temps de recharger les batteries. On mange notre pic-nic un peu pauvre (fromage tout à fait fondu, tranche de pain et rien d’autre) dans une plaine de jeux désaffectée. Les garçons sont trop drôles et nous amusent beaucoup à lister tous les jeux sur lesquels ils ne peuvent pas aller (car ils sont soit cassés, soit trop chauds car au soleil, soit le toboggan ne glisse pas assez vite :)). Au moins ils en rigolent, alors on fait pareil. Plus que quelques kilomètres et nous atteignons notre camping de l’Agriturismo Ca’Marcello. Quel petit havre de paix. Nous y sommes superbement bien accueillis et comme nous sommes arrivés tôt, nous pouvons profiter de toute l’après-midi. Au programme, découverte de l’endroit, planter la tente, jouer dans la piscine (encore et encore et encore), prendre un bon petit goûter fruits, retourner dans la piscine, appeler mina et une amie pour un super chouette moment (ça c’est juste moi :)), retourner dans la piscine, faire des parties de Uno, préparer des beaux dessins pour Vince alias super papa, souper au coucher de soleil… Voilà le genre d’après-midi qui fait tellement du bien ! On est vraiment ravis d’avoir trouvé cet endroit tout tranquille, propre et tenu par d’adorables hôtes.

Lundi 14 juin, nous allons visiter Venise la sérénissime. Après 4 semaines de voyage depuis Ferrières chez Granny, et 3 semaines de vélo (car il y a bien eu un ou deux petits jours de repos de temps en temps), nous avons parcouru près de 1000 km pour arriver dans cette ville tellement emblématique. Après les villes de Côme, Bergame, Vérone et Padoue, Venise c’est un peu la cerise sur le gâteau. Nous nous réveillons plus tôt ces jours-ci avec le soleil et la chaleur qui tape dès le matin. Cela ne nous empêche pas de très bien dormir et de bien récupérer la nuit ;). On déjeune dans le jardin de notre agriturismo, et on se met en route à 9h, tout excités. Il faut d’abord marcher 1km jusqu’à l’arrêt du bus qui nous emmène jusqu’à la piazzale Roma à l’entrée de Venise. Les garçons sont déjà super excités dans le bus et ne décollent pas leur nez des vitres. Il faut dire qu’ils n’ont plus l’habitude d’avancer aussi vite dans un moyen de transport, et qu’il y a plein de choses à observer à l’extérieur. Grâce à nos hôtes warmshowers de Padoue, nous leur avions un petit peu expliqué l’histoire de Venise (en très très court) et nous leur avions montré des images. Ils savaient donc qu’ils allaient voir des gondoles et beaucoup de canaux à la place des routes et des voitures. En un mot, on peut dire qu’on a tous les quatre été éblouis par Venise. Quel bonheur de (re)découvrir cette ville avec si peu de touristes, de déambuler et de s’émerveiller à chaque pont, à chaque ruelle, à chaque croisement. On a marché marché marché, et nos deux petits bonhommes nous ont encore une fois épatés. Il faut dire qu’en début de journée, l’excitation de monter sur un nouveau pont et de voir les bateaux passer en dessous suffisent amplement à les faire avancer (et même courir) devant nous ! Nous faisons des pauses ici et là, à l’ombre, sous un arbre ou près de l’eau. Nous dégustons des délicieuses lasagnes et cannellonis à midi, une salade de fruits pour le goûter et des pizzas au souper ! Aujourd’hui, c’est jour de fête et on n’a rien emporté avec nous (à part de l’eau). Comme promis à nos deux chères petites têtes blondes, nous prenons un vaporetto l’après-midi pour reposer un peu nos jambes et avoir une autre perspective de la ville. Je n’en reviens toujours pas de voir si peu de de monde et de ne devoir faire la file nulle part. C’est un luxe très appréciable… Tout comme celui de se retrouver ici, en pleine semaine et au milieu de mois de juin. On se pince de temps en temps avec Vince pour s’assurer qu’on ne rêve pas ;). Et puis, dans cette ville des amoureux (si si quand même, on est aussi des romantiques) on se sent si heureux d’être là, ensemble. Même si nous vivons depuis presqu’un an non stop avec nos enfants, nous ne nous sommes jamais sentis aussi proches et aussi amoureux tous les deux :). En fin de journée, une pause à l’ombre s’impose pour Arthus et Emile. Ils doivent bien avoir marché 5 heures depuis ce matin :). Nous sortons donc notre super jeu Uno qui ne nous quitte plus, et faisons quelques parties endiablées. Plutôt sympa comme cadre, en face du Pont du Rialto ! A 20h30, ce sont des mines toutes bronzées et fatiguées qui se blottissent sur nos genoux durant le trajet de retour en bus jusqu’à notre camping. Quelle merveilleuse journée qui restera gravée comme un moment tout à fait particulier de notre voyage. Certainement que le fait d’avoir pédalé pendant plusieurs semaines pour arriver jusqu’ici a donné une saveur toute particulière à notre (re)découverte de Venise. Je m’endors heureuse et reconnaissante de vivre mon rêve et de profiter d’une si belle manière de la vie et de la présence de ceux que j’aime.

Après la journée de visite d’hier, aujourd’hui, c’est repos au camping. Les garçons sont fous de joie de pouvoir profiter de la piscine toute la journée et de jouer au ping-pong (entendons nous, ils ne jouent pas sur une table mais tapent la balle un peu n’importe où). Comme d’habitude lorsque nous avons un jour de repos, Vince et moi en profitons pour avancer dans différentes choses, mettre à jour le carnet de bord, préparer un peu la suite de l’itinéraire, faire quelques courses. On prend aussi le temps de faire une méditation après le repas de midi, tous les 4 assis confortablement dans un grand fauteuil à bascule. Arthus et Emile dessinent aussi leur souvenir préféré de Venise dans leurs carnets de voyage et nous écrivons ensemble quelques cartes postales à leurs amis ;). Enfin, je me pose pour réaliser et ressentir la présence de Juicy qui a aujourd’hui 4 mois dans mon bidou ! C’est un bonheur immense de le sentir si bien bouger depuis plusieurs semaines déjà, et c’est aussi mon baromètre pour m’assurer que tout va bien. Comme je n’ai aucun suivi gynéco ou par une sage-femme durant 3 mois (depuis notre départ chez Granny mi-mai jusqu’à notre retour début août), je me fie entièrement à mon intuition et mon ressenti. Et je nous fais confiance. Quel chemin parcouru depuis ma première grossesse où j’avais tout le temps besoin d’être rassurée. Je dois aussi accepter de voir mon corps changer, trouver des techniques pour pouvoir continuer à mettre mon short vélo (qui a heureusement un élastique autour de la taille ;)) et faire un minimum attention à ce que je mange. Sinon, être enceinte en voyage à vélo me paraît la chose la plus naturelle du monde. Quelle chance que ce petit être nous ait déjà rejoint en cours de voyage. Je le sens vibrer de joie et de bonheur à l’intérieur de moi, calqué sur mon rythme et mon humeur quotidienne, il se fait tout calme quand je dois puiser dans mes ressources sur mon vélo, et il se sait déjà entouré de l’amour de ses deux grands frères et de son papa qui le lui manifestent tous les jours. C’est un immense privilège que de devenir maman pour la 3ème fois d’un petit être que j’accompagnerai, avec mon homme, du mieux que je peux, sur cette belle planète bleue. Vive la vie et vive l’amour !